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Bali - île des dieux
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T�te de femme avec cheveux en chignon
Style r�aliste de l'�poque Majapahit
Bali, 15e ou 16e si�cle.
Foto Peter Horner, Museum der Kulturen Basel
Les anc�tres des premiers Balinais sont arriv�s sur leurs fr�les embarcations il y a probablement quelque 2500 ans. Dans les tombes et les sarcophages antiques, on a d�couvert � Bali des lames en pierre, mais aussi de nombreux objets en bronze. Ces objets proviennent du continent asiatique et sont arriv�s � Bali par le biais d'�changes commerciaux. Les moules utilis�s pour la coul�e du m�tal montrent d'ailleurs que les techniques de fabrication, m�me plus tard, ont �galement �t� import�es. Les vestiges arch�ologiques prouvent que Bali , d�s le n�olithique, poss�dait des structures sociales complexes et se vouait � un culte raffin� des anc�tres et des morts.
En l'an 1343 apr�s J.-C., Gajah Mada, premier ministre et g�n�ral supr�me du tout puissant royaume javanais de Majapahit (1293-d�but du 16e si�cle), r�ussit � briser la supr�matie des anciens rois balinais. Conquise par la force militaire, l'�le est colonialis�e par les vainqueurs qui imposent leur ordre social. La collaboration des anciens clans balinais dominants n'est qu'un facteur parmi d'autres pour expliquer le succ�s du nouveau royaume de Gelgel et des royaumes qui lui ont succ�d�. Un r�le tout aussi important revient aux pr�tres, aux hommes de lettres, aux groupes d'artistes et aux corporations d'artisans qui officient dans les cours et contribuent de mani�re efficace et spectaculaire au d�veloppement d'une nouvelle id�ologie, d'un syst�me de caste f�odal et d'une nouvelle culture javanaise. L'art Majapahit de la terre cuite, tout comme ses variantes balinaises, a un caract�re profane et est donc centr� sur l'homme. Les ouvrages sont des cr�ations spontan�es, souvent pleines d'humour et proches de la vie. Cet art refl�te au mieux la soci�t� paysanne et artisanale vivant pr�s de la cour.
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Pr�tre exorciste lors d'un office
Bali, d�but du 20e si�cle.
Photo Peter Horner, Museum der Kulturen Basel
Quiconque croit � l'ambivalence de toute chose, bonne et mauvaise, et est convaincu de pouvoir influencer celle-ci en sa faveur par un comportement correct sur le plan rituel, accorde aux aspects rituels de sa culture une importance particuli�re. Aussi la vie des Balinais est-elle jalonn�e de rites dont le but est de purifier ce qui est impur, d'unir ce qui parait impossible d'unir, d'�quilibrer, de v�n�rer et d'apaiser, d'�carter les dangers, de prot�ger la nourriture, de s'assurer une vie heureuse dans l'au-del� et une bonne r�incarnation. Les rites balinais sont un art dramatique � multiples facettes, aux acteurs et mises en sc�ne innombrables.
On distingue cinq cat�gories de rituels d'offrandes (panca yadnya), les dieux (dewa yadnya) et les d�mons (bhuta yadnya) occupant, chacun de leur c�t�, le centre des actes rituels. Un r�le tout aussi important revient cependant aux rites de Passage pour l'�tre humain (manusa yadnya) et aux rites de purification des �mes des d�funts (pitra yadnya). Ces rites sont confi�s � des pr�tres sp�cialement consacr�s (rsi yadnya), qui font des aspersions d'eaux b�nites aux propri�t�s diff�rentes.
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Danseuse de temple lors de la danse rituelle Rejang
Bali, d�but du 20e si�cle
Photo Peter Horner, Museum der Kulturen Basel
L'homme atteint son v�ritable bonheur lorsqu'il peut mener une vie dans la puret� et l'harmonie avec l'essence divine, les autres et la nature (Tri Hita Karana). L'univers humain doit �tre tenu en �quilibre avec l'environnement, la terre et l'univers. D'innombrables offrandes de remerciement et de pri�re sont adress�es aux forces divinis�es de la nature: Siva, en tant que dieu soleil Surya, comme dieu de la montagne Mahadewa ou du volcan Gunung Agung, la m�re terre, Perthiwi, le dieu de l'eau qui engendre la fertilit�, Wisnu, et le riz, la plante divine, Bhatari Sri. Aussi faut-il traiter la rizi�re et l'eau avec un respect particulier.
Ce qui est sacr� est tourn� vers les volcans (donc vers le haut) et vers le lever du soleil (est); cette orientation d�termine aussi la disposition des villages, des temples et des habitations. Le caract�re profane se traduit par une orientation vers le bas, la mer et le coucher du soleil. L'homme vit dans le monde du milieu, qui est limit� par le monde du haut et du bas et il prend part, dans sa composition tripartite (t�te, corps et pieds) � ces trois mondes. La hi�rarchie haut- milieu - bas (Tri Angga) d�termine toutes les structures, notamment l'habitat, les maisons ayant alors une t�te (toit), un corps (pi�ce de s�jour) et des pieds (fondations).
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Masque destin� � attribuer aux offrandes un caract�re humain (anthropomorphisme)
Bali, 20e si�cle.
Photo Peter Horner, Museum der Kulturen Basel
Le monde des Balinais est d�termin� par les contrastes compl�mentaires (rwa bhineda) et se situe entre les p�les antagonistes - montagne et mer, lever et coucher de soleil, lumi�re et mort. Les �l�ments contraires, tels f�minin-masculin, gauche-droite, haut-bas ou noir-blanc, se compl�tent, n'existent en fait que par leur interaction et sont n�cessaires au bien-�tre de l'homme. L'homme peut influencer de mani�re favorable cette ambivalence, en aspirant sans cesse � se comporter de mani�re correcte vis-�-vis de ces antipodes au bon endroit et au bon moment. A l'id�al d'harmonie et de puret�, s'oppose cependant la r�alit� de l'impuret� et des tentations mat�rielles. Ainsi, la menace de destruction de la culture balinaise par l'urbanisation et la globalisation est contrecarr�e par des rituels de purification de plus en plus importants et complexes, destin�s � compenser le d�s�quilibre social, �conomique et spirituel ressenti avec douleur par les Balinais.
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Repr�sentation d'un dieu (arca)
sous forme d'un jeune h�ros mythique chevauchant sa monture
Bali, d�but du 20e si�cle.
Photo Peter Horner, Museum der Kulturen Basel
Les dieux et les anc�tres balinais vivent dans un monde c�leste, et descendent sur terre � des dates pr�cises. C'est pourquoi le temple balinais est un domaine certes prot�g� de l'ext�rieur par des murs, mais qui reste ouvert vers le haut, pour accueillir les dieux durant leur s�jour sur terre. Les dieux prennent alors place dans des figurines sp�cialement pr�vues � cet effet, sur leurs tr�nes et leurs autels. Parmi les �l�ments importants de la f�te du temple, on compte, en dehors de la purification rituelle de chaque lieu, personne et objet, l'apport d'offrandes et la v�n�ration de la divinit�.
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Repr�sentation d'un dieu (arca)
sous forme d'un grand pr�tre brahmane chevauchant sa monture
Bali, d�but du 20e si�cle.
Photo Peter Horner, Museum der Kulturen Basel
Il existe un seul dieu tout puissant, Sanghyang Tunggal ou Sanghyang Widhi Wa�a. Il fait partie du domaine de l'invisible et peut �tre d�fini comme l'absolu dont tout proc�de, le fondement et la cause ult�rieure de tout ce qui existe (Brahman). Il n'intervient jamais de mani�re active dans le processus de la cr�ation. Au cours de l'histoire plus r�cente et dans le sillage d'une indianisation croissante de l'hindouisme balinais, Sanghyang Widhi a acquis des traits monoth�istes. Cette �volution a �t� favoris�e par les cinq grand principes (nomm�s le Pancasila) de la R�publique d'Indon�sie, faisant de la foi en un dieu unique la condition requise pour qu'une religion soit reconnue par l'Etat (Agama).
On retrouve �galement, parmi les divinit�s hindoues qui jouent un r�le dans les croyances balinaises, la manifestation du rapport �troit des habitants avec la nature. Ce contexte permet de mieux comprendre la divinisation des �l�ments vitaux: la terre (d�esse Perthiwi), l'eau (le dieu Wisnu), le soleil (le dieu Surya) et le feu (le dieu Agni, Brahma), le volcan divin Gunung Agung, qui devient le dieu Mahadewa; les lacs, si importants pour l'irrigation des rizi�res, deviennent la d�esse Dewi Danu, et l'aliment de base, le riz, est la d�esse Dewi Sri. Parmi les dieux hindous, le premier rang revient � Siva, connu sous de nombreuses appellations et de nombreuses formes d'apparition.
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